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Consommation d'alcool et état de santé : liés ? | Anahite Afshar, Nutritionniste-Diététiste 

 

Anahite Afshar

 

La consommation d'alcool pourrait-elle

influencer votre état de santé ? Comment ?

 

 

 

 

 

Avec le retour du beau temps, quoi de plus agréable que de faire le plein de soleil sur une terrasse, un verre de [insérez ici votre boisson alcoolisée préférée] à la main?

Les boissons alcoolisées sont présentes dans les événements festifs, et associées aux rassemblements et à la célébration, mais également bannies dans certaines religions et associées à l’abus et à la dépendance.

L’alcool est encore aujourd’hui un sujet tabou, mais a toujours eu un aspect social et culturel. On pense que la découverte de l'alcool date de l’ère néolithique, probablement par hasard lors d'une fermentation naturelle de produits alimentaires.

Il s’agit tout de même d’une drogue, mais d’une drogue socialement acceptée. Également considérée comme un aliment, sa consommation est non seulement tolérée dans notre société, mais également facilitée et encouragée.

C'est en fait la majorité de la population qui boit de l'alcool, en plus ou moins grande quantité et de manière plus ou moins fréquente, soit 80% des canadiens (1) et 82% des québécois (2) âgés de plus de 15 ans.

On peut donc se questionner sur ses effets sur la santé puisqu’une si grande partie de la population est concernée.

L'alcool, bon ou mauvais pour la santé?

Ça dépend.

Il y a à la fois des bénéfices et des dangers à consommer de l’alcool et son effet sur la santé dépend de la quantité consommée en fonction de l’âge, du sexe, du poids et de la génétique.

Par ailleurs, l’alcool peut avoir un impact sur différents organes et donc sur plusieurs aspects de la santé. Il est important d’avoir une vue d’ensemble pour s’en faire une idée.

La consommation de boissons alcoolisées peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, mais à certaines conditions. Encore une fois, c’est la dose qui fait le poison. On parle dans ce cas d’une consommation légère à modérée.

La modération a bien meilleur goût

Qu’entend-t-on par « une consommation modérée »?

Selon Educ’Alcool (3), un organisme à but non lucratif expert sur la question, une consommation modérée pour les femmes équivaut à un maximum de 2 consommations par jour et à maximum 10 par semaine, alors que la limite pour les hommes est de 3 consommations par jour et 15 par semaine. Par ailleurs, pour éviter l’accoutumance, tant physique que psychologique, il est recommandé de ne pas boire tous les jours et de s’abstenir de prendre de l’alcool au moins un jour par semaine. Une consommation inférieure à ces quantités est considérée légère et une consommation au-delà de ces quantités est considérée excessive.

Et c’est quoi une consommation?

On définit une consommation selon son pourcentage d’alcool (4):

 

 

Attention! Les bières fortes et les mélanges d'alcools contiennent généralement plus d’alcool que les consommations standards. Il est important de vérifier le pourcentage d’alcool sur la bouteille.

Effets bénéfiques d’une consommation légère à modéré

Bénéfices psychosociaux

Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que la consommation légère à modéré d'alcool tend à réduire le stress, mais vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’elle tend également à diminuer les symptômes cliniques de la dépression, ainsi qu’à améliorer l’humeur, la performance cognitive et même le fonctionnement chez les personnes âgées (5). Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’effets associée à une consommation légère à modérée, une consommation excessive représente une source de stress pour l'organisme et peut augmenter la détresse psychologique.

Bénéfices cardio-métaboliques

De nombreuses études épidémiologiques et cliniques montrent que la consommation légère à modérée d’alcool est associée à un risque réduit de maladie coronarienne, d’accident vasculaire cérébral et de mortalité. Cependant, ne vous réjouissez pas trop vite, ces effets bénéfiques  s’observent uniquement à partir de la quarantaine chez les hommes et à partir de la ménopause chez les femmes (6).

Par ailleurs, la consommation modérée d’alcool chez les personnes en bonne santé pourrait également être associée à une augmentation de la sensibilité à l’insuline et donc avoir un effet  protecteur contre le développement du diabète de type 2 (7). En effet, les études d'observation suggèrent une diminution du risque de 30% chez des consommateurs d'alcool modérés (6 à 48g alcool par jour, soit 0,3 à 2,8 consommations par jour), alors qu'aucune réduction de risque n'est observée chez les gros consommateurs (plus de 48 g / jour) (8).

Les effets sur la santé que pourrait engendrer une consommation modérée et régulière d’alcool sont encore peu connus et parfois controversés. Même si, à faibles doses la consommation d’alcool semble avoir un impact positif sur la santé et le bien-être, il ne faut pas prendre ces résultats comme une incitation à boire, car le risque pour la santé reste présent. Ainsi, les personnes qui n’ont pas l’habitude de consommer de l’alcool ne devraient pas commencer à en prendre pour les possibles effets bénéfiques.

Par ailleurs, certaines personnes devraient s’abstenir de boire pour éviter tous risques liés à l’alcool : les personnes avec un problème de dépendance, les femmes enceintes et les personnes prenant des médicaments pouvant interagir avec l’alcool, par exemple.

Dans tous les cas, il n’y a aucun doute qu’une consommation abusive d’alcool est néfaste pour la santé.

Effets néfastes d’une consommation modérée à excessive

La consommation d’alcool est malheureusement associée à des problèmes d’accidents, de violence et de dépendance. Mais, il y a également des impacts sur l’organisme.

La veisalgie

À court terme, il y a la veisalgie (9), plus communément appelé « lendemain de veille » ou « gueule de bois ». C’est la sensation d’inconfort généralisé qui résulte de la consommation excessive d’alcool. Les malaises apparaissent quand le taux d’alcoolémie diminue et sont à leur maximum quand elle est redescendue à zéro. Ces inconforts durent rarement plus de 24 heures.

Les symptômes de la veisalgie sont associés à la concentration d’alcool dans le sang et celle-ci dépend essentiellement de trois facteurs : le temps, le poids (différences également entre la masse grasse et la masse maigre) et le sexe.

Les causes de la veisalgie sont diverses. Il y a d’abord une cause directe qui est la production d’acétaldéhyde. Lors de la métabolisation de l’alcool par le foie, une enzyme, alcool déshydrogénase, transforme l’alcool en acétaldéhyde, une substance très toxique pour l’organisme.

Puis, il y a aussi des causes indirectes à la veisalgie : les carences en eau, en sucre et en sommeil qu’entraîne la consommation abusive d’alcool.

L’alcool inhibe l’hormone antidiurétique, ce qui favorises la déshydratation. C’est la principale responsable de la sensation de soif, de la fatigue, des maux de tête et des douleurs musculaires ressenties.

La consommation d’alcool entraîne également une hypoglycémie. Le foie est l’organe responsable de produire du glucose. Lorsqu’il est occupé à métaboliser l’alcool, il n’est plus capable de remplir cette autre fonction. Le glucose étant la principale source d’énergie pour le corps et le cerveau, une carence entraîne faiblesse, fatigue, vertige, difficulté de concentration, etc.

Finalement, il y a le manque de sommeil. Même s’il est vrai que pour certain, l’alcool aide à s’endormir, il perturbe dans tous les cas la qualité du sommeil en modifiant le cycle.

Prise de poids

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la consommation d’alcool, même modérée, rentre dans l'équation de l'équilibre énergétique (7kcal/g, une consommation équivaut à environ 150kcal) et peut entrainer un gain de poids (10).

Effets sur les organes internes et le système circulatoire (11):

Le foie

Puisque le foie est l’organe qui métabolise l’alcool, les maladies du foie sont les complications liées à la consommation abusive d’alcool les plus fréquentes. Il y a la stéatose hépatique et l’hépatite alcoolique qui sont encore réversible avec l’arrêt de l’alcool, mais si le stade de la cirrhose est irréversible et vous devinerez que le taux de survie est faible. Le risque de toxicité de l’alcool sur le foie peut s’exprimer à des doses modérées à excessives, à un seuil de 30g par jour (environ 2 consommations) chez la femme et 50g (environ 3 consommations) par jour chez l’homme.

Le pancréas

La pancréatite, aigu ou chronique, est dans 80 à 90% des cas causée par la consommation d’alcool. La pancréatite chronique peut entraîner des dommages permanents qui engendrent le mauvais fonctionnement de l’organe et de nombreuses complications.

Œsophage

La consommation d’alcool peut provoquer des reflux gastro-œsophagiens (RGO). Ces RGO a répétition peuvent entraîner une œsophagite qui peut évoluer en ulcère. L’intoxication chronique a l’alcool est également le principal facteur du cancer de l’œsophage.

Estomac

L’alcool est un irritant gastrique et peut provoquer l’inflammation de la muqueuse de l’estomac est entraîner une gastrite.

Intestins

L’alcool diminue la motricité des intestines et l’absorption de différents nutriments et modifie la sécrétion de l’ensemble des intestins, ce qui induit des carences alimentaires et de la diarrhée.

Artères

L’alcool est un facteur important de l’hypertension artérielle. La tension artérielle augmente en fonction de la quantité consommée. La pression artérielle systolique augmente d’en moyenne 2,7mmHg chez les personnes qui prennent 4 à 6 verres d’alcool et de 4,6mmHg chez ceux qui en consomment au moins 7.

Cœur

Une consommation d’alcool abusive et chronique peut causer une cardiomyopathie, une affection du muscle cardiaque. Bien qu’une consommation légère à modérée d’alcool peut avoir un effet bénéfique sur le risque cardio-vasculaire, une consommation excessive, elle a l’effet contraire.

Cerveau

Encore une fois, bien qu’une consommation légère à modérée d’alcool peut réduire le risque d’avoir un accident cérébro-vasculaire, la consommation excessive est un important facteur de risque qui augmente le risque de décès par hémorragie cérébrale.

Boire moins d’alcool peut être bénéfique pour plusieurs personnes.

Voici 10 Trucs pour réduire sa consommation d’alcool :

  1. Se fixer un objectif de consommation (par exemple, pas plus de 3 consommations par occasion).
  2. Mesurer la consommation. Vérifier le % d’alcool et prendre des consommations standard.
  3. Être bien hydraté avant même de commencer la soif (pour éviter de prendre son verre d’une traite et d’accentuer la déshydratation).
  4. Commencer par un verre d’eau ou une boisson sans alcool et ensuite alterner avec un verre d’eau pour chaque consommation.
  5. Manger pendant pour ralentir le rythme de consommation et l’augmentation rapide de l’alcoolémie.
  6. Essayer les boissons sans alcool (par exemple les « mocktails »).
  7. Boire lentement, prendre de petites gorgées, déguster : maximum 1 verre par heure.
  8. Attendre de terminer son verre avant de se refaire servir.
  9. Éviter de garder le verre à la main, déposer le verre le plus loin possible.
  10. Éviter de boire seul, faire de l’alcool un aliment social et occasionnel.
 
 

Anahite Afshar, Nutritionniste-diététiste PLATEAU

Références

  1. Agence de la santé publique du Canada Rapport de l’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada en 2015. LA CONSOMMATION D’ALCOOL AU CANADA.
  2. Educalcool : http://educalcool.qc.ca
  3. Ibid.
  4. Ibid.
  5. Peele S & Grant M. (1999). Alcohol and Pleasure: A Health Perspective. Levittown, USA : Brunner/Mazel Publisher.
  6. Agarwal DP. (2002). Cardioprotective effects of light-moderate consumption of alcohol: a review of putative mechanisms. Alcohol & alcoholism. 37(5):409-15.
  7. Rimm EB et al. (1995). Prospective study of cigarette smoking, alcohol use, and the risk of diabetes in men. BMJ 1995;310:555
  8. Koppes, LLJ. (2005). Moderate Alcohol Consumption Lowers the Risk of Type 2 Diabetes A meta-analysis of prospective observational studies. Diabetes Care, 28 (3) 719- 725.
  9. Educalcool : http://educalcool.qc.ca
  10. Suter PM & Tremblay A. (2008). Is Alcohol Consumption A Risk Factor For Weight Gain And Obesity? Critical Reviews in Clinical Laboratory Sciences. 42 (3)
  11. Educalcool : http://educalcool.qc.ca

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