C’est maintenant une notion communément acceptée que l’activité physique soit bonne pour la santé. Nous le savons, mais trop souvent, une partie de nous cherche des excuses pour se permettre une pause de sport. C’est l’éternel souque à la corde qui s’effectue entre notre motivation et notre paresse. D’autre part, nous sommes blessés et consultons un médecin, ou autre spécialiste de la santé, qui nous encourage à continuer de bouger malgré tout. Alors pour vous aider à mieux comprendre pourquoi cette recommandation vous est faite et pour faire taire la voix de la paresse qui peut s’opposer à vos résolutions et ambitions, je vous invite aujourd’hui à explorer le sujet de pourquoi il est bien de maintenir un certain niveau d’activité physique à travers les blessures.
Raison 1: L’amplitude articulaire
Le corps humain est une machine merveilleusement complexe qui excelle dans plusieurs domaines, mais l’un de ses traits les plus caractéristiques est sa capacité à s’adapter. En effet, l’expression ce qui ne te tue pas te rend plus fort a son fond de vérité, quoique je la changerais à ce qui ne te tue pas te change.
Au niveau biomécanique, l’une des adaptations perpétuelle effectuée par votre corps est au niveau de la mobilité et la stabilité. On exige beaucoup de mouvements variés de notre corps dans une journée, ce qui compose une bonne partie de notre dépense énergétique. Pour optimiser ces mouvements, le corps ajuste sans-cesse l’équilibre entre la mobilité et la stabilité des différentes articulations et mouvements.
Prenons la hanche par exemple. Ce qui arrive souvent, c’est qu’on effectue beaucoup de flexion et d’extension de la hanche au quotidien, ce qui nécessite une bonne amplitude. Les autre mouvements de hanche par contre, la rotation interne et externe et l’adduction et l'abduction, sont moins sollicités. La mobilité dans ces deux axes est donc souvent échangée pour plus de stabilité, pour soutenir l’axe fréquent: la flexion-extension.
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Dans les cas où nous sommes blessés, nous protégeons le segment ou l’articulation atteinte en l’immobilisant. Si vous suivez jusqu’ici, vous pouvez deviner que la mobilité qui était présente dans la région sera donc échangée pour de la stabilité (du moins partiellement) étant donné que le corps s’adapte à une situation. Le corps n’a pas la capacité de voir dans le futur pour savoir si la situation est temporaire ou non, tout ce qu’il sait, c’est s’adapter. C’est pourquoi il est important de continuer d’utiliser les régions qui sont blessées en faisant bien attention de rester dans une amplitude qui ne crée pas de douleur. Ainsi, on devrait s’épargner la majorité de la perte d’amplitude de mouvement qui se serait opérée autrement.
Raison 2: La circulation
Une partie de la guérison qui est souvent oubliée par le commun des mortels est l’importance de la circulation sanguine et lymphatique. Nous pensons souvent à ce que nous pouvons faire pour accélérer la guérison de manière active et sur des facteurs observables à l’oeil nu, il est donc peu surprenant que la circulation ne profite pas du même enthousiasme qu’un étirement musculaire, par exemple. Il faut comprendre que lorsqu’on se blesse, certaines structures sont brisées ou déchirées, et elles doivent être réparées. Pour acheminer les matériaux de construction à l’endroit où ils seront appliqués à la reconstruction, le sang et la lymphe doivent bien circuler.
Faire de l’activité physique, sans que ce soit nécessairement une activité à grande intensité, assure une augmentation de la fréquence cardiaque et offre aussi un pompage musculaire qui aide au retour veineux et à la circulation de la lymphe.
Raison 3: Hormones et mental
Faire de l’activité physique a des effets aigus et chroniques sur le libération de certaines hormones positives. Plusieurs études ont relié la pratique d’activité physique avec la libération de sérotonine, noradrénaline, dopamine (trois hormones reliées au bien-être) et cortisol (hormone reliée au stress). Durant une période de convalescence pour une blessure musculo-squelettique, il est fréquent que cette dernière rende notre quotidien laborieux et plus ennuyant.
Pratiquer une activité physique malgré tout pour produire ces hormones pourra avoir un effet positif qui adoucira la différence entre notre profil actif en santé et celui durant la guérison. Faire de l’activité peut aussi nous changer les idées pour nous permettre de penser à autre chose que les signaux de douleur qui nous suivent tous les jours.
Ne pas oublier: la modération
Certains peuvent trouver que mon point de vue est un peu optimiste et insouciant jusqu’ici. En effet, je vous ai fourni trois belles raisons en faveur de maintenir le niveau d’activité physique, mais j’aimerais apporter un bémol. Même si vous bougez, il est important de le faire selon vos capacités et en prenant compte de la blessure présente. On ne veut jamais que l’activité physique soit cause de douleur sans la blessure, et cette règle perdure quand vous en avez une. Ceci veut dire de pratiquer une activité physique qui ne sollicite pas ou peu le segment du corps blessé, de changer notre pratique pour moins l’impliquer, ou encore de faire la même activité, mais à moins grande intensité. Peu importe la stratégie que vous choisissez, le maintien de l’activité physique devrait être fait seulement dans des conditions qui n’aggraveront pas la blessure.
Conclusion
Voyez-vous maintenant? Il existe plusieurs raisons de maintenir un certain niveau d’activité physique, même lorsque blessé. Nous avons discuté les mérites de cette idée au niveau de l’amplitude de mouvement, de la circulation et des hormones, mais il existe plusieurs autres raisons que je vous laisse découvrir par vous même. Je vous souhaite donc de vous blesser le plus rarement possible, mais de ne pas vous laisser incapaciter lorsque le malheur frappe. Votre corps vous en remerciera.
Par Izaak Lavarenne, Masso-Kinésithérapeute à NDG
Sources Chanudda Nabkasorn, et al. 2005. Effects of physical exercise on depression, neuroendocrine stress hormones and physiological fitness in adolescent females with depressive symptoms. European Journal of Public Health, Vol. 16, No. 2, 179–184