Izaak Lavarenne

En tant que massothérapeute, on me dit souvent que mes techniques font du bien. Souvent, les techniques soulignées visent des zones où la tension s'accumule beaucoup ou celles qui ne sont pas souvent adressées. Les avant-bras se retrouvent dans ces deux catégories, mais sont relativement peu discutés. On parle souvent du cou, des épaules et de la région lombaire, avec raison, mais il est aussi important de ne pas oublier le reste du corps. Suivez-moi donc dans cette discussion sur l’anatomie des avant-bras, leurs particularités et leur entretien. 

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L’évolution des avant-bras

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Sur l’avant-bras, on retrouve les muscles qui font bouger le poignet. Classiquement, et à travers la grande majorité de l’histoire, un des mouvements de poignet a été plus sollicité que les autres. La flexion du poignet (et des doigts) est nécessaire pour toute préhension, ce qui nous permet de transporter des objets et charges. Si on recule loin dans l’histoire humaine, la préhension était utilisée pour se balancer entre les arbres avec les bras, puis, plus récemment, le travail manuel a continué de demander une bonne préhension.

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Par opposition, la demande mécanique de notre train de vie moderne sur ces muscles ne fait que diminuer. Les charges qu’on transporte sont de moins en moins lourdes et l’automatisation des travaux plus exigeants se fait ressentir. Toutefois, le groupe musculaire opposé est, lui, plus sollicité qu’avant. Il ne suffit qu’à imaginer la position de mes mains alors que je tape ce texte sur mon clavier. Mes poignets sont maintenus pliés vers le revers de ma main pour une période prolongée. La multiplication des emplois de bureau ou de nature administrative fait en sorte que cette position est de plus en plus familière pour une partie grandissante de la population. Les avant-bras de mes patients semblent témoigner du fait que le corps humain peine à s’adapter à ce changement de dynamique et les tension musculaires qui en découlent peuvent souvent causer des douleurs, particulièrement ce qu’on appelle l’épicondylite (une douleur située à l’extérieure du coude). 

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L’axe oublié

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Il est vrai que l’axe flexion-extension du poignet est très important, mais il ne faut pas oublier le deuxième axe de mouvement de l’avant-bras: la pronation-supination. Ces mouvements consistent essentiellement à passer de la paume vers le sol ou l’arrière à une paume vers le haut ou l’avant (dépendamment de la position du coude).

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L’Homme de Vitruve de Da Vinci nous dit que la position anatomique naturelle du corps humain est en supination et, pendant plusieurs centenaires, la pronation et la supination étaient probablement sollicitées de manière assez balancée. Si on retourne à la position actuelle de mes mains, on retrouve une pronation plutôt prononcée. En effet, la majorité des interfaces avec lesquels nous interagissons, comme les claviers, les écrans tactiles et les boutons en général, demandent une pronation. Logiquement les muscles pronateurs sont souvent très tendus et contractés chez la population en général.  

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Les douleurs au poignet

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Il arrive souvent que des clients se présentent avec des douleurs aux poignets, mais que l’origine du problème parte de tout évidence de plus haut dans le bras, voire de l’épaule et du cou. Comme vu plus tôt, les muscles qui font bouger le poignet forment l’avant-bras. Une grande tension qui s’installe graduellement dans un muscle de l’avant-bras peut passer inaperçue et, un jour, déclencher une douleur tendineuse ou articulaire au niveau du poignet.

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Si plusieurs muscles sont particulièrement tendus, la motricité et l'espace entre les os du poignet peuvent diminuer et causer des problèmes comme un syndrome du tunnel carpien. Cet exemple de trouble musculo-squelettique n’est pas directement relié aux muscles de l’avant-bras, mais est très fortement influencé par eux, c'est pourquoi on ne pense pas nécessairement à ceux-ci immédiatement. Le poignet étant innervé par le plexus brachial et l’artère brachiale, des tensions ou désaxements en amont peuvent créer des compression et ainsi envoyer des symptômes de douleur dans le bras jusqu’au poignet. 

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L’auto-massage des avant-bras

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L’un des premier conseils que je donne à mes clients qui traînent des tensions et douleurs aux avant-bras ou aux poignets est de masser par soi-même les muscles de l’avant-bras. Bien qu’il y ait plusieurs muscles, tous avec leur nom et leur action particulière, les muscles de l’avant-bras suivent sensiblement tous la même direction dans leur longueur et dans la direction de leurs fibres musculaires. Ainsi, il est assez facile de masser les avant-bras. Il ne suffit que de suivre les fibres qui partent du coude et qui descendent vers le poignet. Fiez-vous à votre ressenti. Si la zone semble charnue et tendue sans être carrément dure, vous êtes probablement sur un muscle et non sur un os… Massez! De façon autonome, je trouve plus facile de masser l’avant-bras en partant du coude vers le poignet. Faites-vous confiance et n’ayez pas peur de mettre de la pression, la douleur ne devrait pas être difficile à éviter durant le massage et beaucoup de pression est souvent appréciée dans cette zone. 

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Conclusion

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Avec cette base de connaissances sur les avant-bras, leur origine évolutive et leurs demandes modernes biomécaniques, vous pourrez avoir un meilleur rapport avec vos avant-bras. La technique d’auto-massage présentée est efficace, mais pas à toute épreuve. La raison pour laquelle je ne vous en présente pas plus, est que pour passer au prochain niveau, une grande base de connaissances anatomiques est requise. Tournez vous vers votre professionnel en thérapie manuelle préféré. Nos avant-bras et poignets sont étonnamment importants dans notre quotidien, mieux vaut en prendre soin avant que le malheur frappe. Croyez-moi, je reviens d’un congé d’invalidité à cause d’une blessure au poignet, un poignet en moins rend même les tâches simples un vrai casse-tête. Voilà, vous savez maintenant pourquoi mes clients apprécient autant les massages d’avant-bras. Si vous pensez pouvoir bénéficier d’un peu d’aide avec ceux-ci, vous savez quoi faire d’ici là!  

Par Izaak Lavarenne, Masso-Kinésithérapeute à NDG